mardi 13 septembre 2011

Nice Matin: "Eglise russe : portes closes pour les visiteurs !"

Coup de théâtre dans l’affaire de l’église russe ! Hier après-midi les visiteurs ont trouvé portes closes. Empêchés de stationner sur le site, les cars de tourisme ont squatté les abords du bvd Tzarevitch. Mirjiana, une jeune femme serbe, se montrait très déçue : « Cette cathédrale est très connue à Belgrade. Je comptais me recueillir à l’intérieur ». Elle devra se contenter d’admirer l’édifice de l’extérieur.

Natalia, elle, vient de Saint-Pétersbourg. Elle tente de déchiffrer les affiches accrochées aux grilles en français et en cyrillique. Sans bien comprendre : « C’est ma Russie qui a fermé ? ».

Pas vraiment. Cette mesure spectaculaire, qui interdit la visite de l’un des monuments les plus célèbres de Nice et de la Côte d’Azur, a été prise par l’association culturelle niçoise (l’ACOR), gestionnaire de ces lieux saints depuis les années 1920. Un nouvel épisode du conflit qui l’oppose à la Fédération de Russie.

La fermeture du grand portail rappelle une autre séquence dramatique. En février 2006. Quant tout a commencé. Le père Jean Gueit, recteur de la cathédrale, ferme alors les lieux au nez et à la barbe de l’huissier mandaté par le tribunal de grande instance, à la demande de la Russie, pour faire l’inventaire des biens. Quelques mois plus tard, l’Etat russe revendique la propriété de l’église, en faisant valoir l’expiration prochaine du bail emphytéotique de 99 ans consenti à l’ACOR. Ce bail est arrivé à son terme en 2008.

S’ensuivent cinq ans de guérilla judiciaire, jusqu’à la décision de la cour d’appel d’Aix accordant en mai dernier la propriété à la Russie. Peu de temps après, celle-ci en confie la gestion au patriarcat de Moscou.

Le clergé en place, également d’obédience orthodoxe mais relevant du patriarcat concurrent de Constantinople, n’entend toutefois pas partir, s’estimant toujours en droit de jouir de la propriété « spirituelle ».

Procédure de licenciement
Pourquoi cette fermeture des portes hier ? « La Russie nous impose de ne plus faire payer les 3 euros que chaque visiteur débourse. C’est une tentative d’asphyxie financière. Mais nous sommes juridiquement contraints d’obtempérer. Sans cet argent, nous ne pouvons plus rémunérer le personnel d’entretien et d’accompagnement. Nous sommes donc dans l’obligation de fermer. La cathédrale reste néanmoins ouverte au culte et les piétons peuvent continuer de fréquenter le parc3, souligne le père Gueit.
La cathédrale est donc close jusqu’à nouvel ordre… Plutôt fâcheux à l’approche des Journées du patrimoine de ce week-end. Surtout, le conflit vient de faire ses premières victimes : les cinq personnes employées sur le site font l’objet d’une procédure de licenciement.

Philippe Fiammetti suer Nice-Matin

13 sep.2011

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