lundi 5 septembre 2011

Envoyé du patriarcat de Moscou, le père Nicolas Ozoline dénonce« l'état inquiétant » du bâtiment et annonce de « gros travaux ». Interview...


Les querelles religieuses sont souvent les plus redoutables. Certaines ont duré des siècles. Il faut espérer que le conflit opposant le patriarcat de Moscou à celui de Constantinople autour de la gestion de la cathédrale orthodoxe niçoise dure un peu moins longtemps... Au printemps dernier, la justice a confirmé en appel que la fédération de Russie était propriétaire des lieux. Sans tarder, celle-ci en a transféré l'administration au clergé orthodoxe russe.

Et celui-ci vient de dépêcher l'un de ses représentants, le père Nicolas Ozoline, accompagné du diacre Georges,« afin d'assurer la gestion administrative et cultuelle de l'église Saint-Nicolas ». Sauf que, pour l'heure, le père Jean Gueit, l'actuel recteur dont l'autorité relève du patriarcat de Constantinople, est toujours dans les lieux. Questions à Nicolas Ozoline, l'envoyé de l'évêque Nestor et du patriarche Cyrille de Moscou.

Êtes-vous le nouveau recteur de la cathédrale ?

Je serai officiellement le nouveau recteur une fois que la période de transition sera close. Aujourd'hui, ma mission est d'établir un dialogue avec les responsables de l'association cultuelle niçoise. La volonté clairement manifestée de l'évêque Nestor qui m'a mandaté, est que cette transition s'opère de la façon la plus amicale et la plus fraternelle qui soit.

Où en sont ces pourparlers ?

Je me dois malheureusement de dire qu'ils n'ont toujours pas abouti. Ils sont même au point mort.

En l'absence d'accord, quelle issue envisagez-vous ?

Nous sommes dans un État de droit. La justice française a déclaré sans équivoque la Russie propriétaire de cette cathédrale. Et l'État russe a pris la décision d'en déléguer la gestion au patriarcat de Moscou. Si nous ne trouvons pas un accord à l'amiable, la justice française suivra son cours.

En tant que nouveau recteur, quelle serait votre première décision ?

Ne plus faire payer un droit d'entrée aux visiteurs (1). C'est une demande expresse de notre évêque. L'État russe s'y était d'ailleurs engagé. Ce lieu est la maison du Seigneur, c'est aussi un haut symbole de l'amitié franco-russe. Son accès doit être libre.

Ces entrées constituent une ressource importante pour l'entretien de cet édifice. Comment financerez-vous tous les frais?

L'appel aux dons privés fait partie de notre tradition. Et puis le propriétaire, l'État russe, prendra à sa charge les gros travaux. Une restauration majeure de cet édifice est d'ailleurs envisagée.

Cette cathédrale n'est pourtant pas un monument en péril ?

J'ai été fâcheusement surpris par son état fortement dégradé. Un recteur qui, en Russie, entretiendrait son église de la sorte serait immédiatement démis de ses fonctions. La situation est inquiétante.

En juillet, une épaisse couche de plâtre s'est détachée de la voûte et s'est écrasée au sol; par chance, sans blesser aucun fidèle.Les fresques dans la nef sont prêtes à éclater sous l'effet conjugué de la chaleur et de l'humidité.

Des icônes extérieures sont très endommagées; notamment celle de saint Nicolas, le patron de l'église. Plusieurs des faïences multicolores qui contribuent à la splendeur du lieu, sont aussi abîmées. Tout cela se voit à l'œil nu. Une commission d'experts va être mandatée pour juger de l'ampleur des travaux à entreprendre.

Qui paiera ?

Tout sera pris en charge par la fédération de Russie. Les dons des fidèles y contribueront aussi. Certains paroissiens s'interrogent sur les changements qui pourraient intervenir dans la liturgie durant les offices.

Il n'y aura aucun changement cultuel. Le slavon (ndlr : vieux russe) restera la langue d'usage avec des passages en français si nécessaire. Il faut savoir que les deux églises (le patriarcat de Moscou et celui de Constantinople) ont la même liturgie.

Rien ne changera donc pour les fidèles?

Rien. Mais nous porterons une attention toute particulière à la communauté russe très importante aujourd'hui sur la Côte d'Azur. Une grande partie de ces résidents russes confessent la foi orthodoxe.

Philippe Fiammetti, NICE-MATIN du lundi 5 septembre 2012

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1. En dehors des offices, le droit d'entrée s'élève aujourd'hui à 3 euros.



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