Eglise russe: le descendant du tsar Nicolas II s’engage
L’ « affaire » de la cathédrale russe de Nice ne pouvait laisser indifférent le descendant des tsars. Voilà quatre ans qu’un conflit oppose la fédération de Russie à l’association cultuelle qui gère ce bien depuis près d’un siècle. Ce bras-de-fer judiciaire s’est conclu par un premier épilogue au début de cette année : le 20 janvier, le tribunal de grande instance a attribué la propriété de l’édifice à l’Etat russe. L’association a immédiatement interjeté appel. La cour d’appel d’Aix devrait se prononcer au printemps prochain. Questions sur cette querelle au prince Nicolas, 88 ans, arrière-petit-fils de Nicolas II, le tsar qui a fait construire la cathédrale.
Etes-vous prétendant au trône de Russie ?
Je suis aujourd’hui l’aîné des descendants mâles de la dynastie des Romanoff. Mais je ne suis pas pour autant prétendant au trône de Russie. Je ne compte pas devenir le prochain tsar ! Je suis simplement le doyen de la Maison impériale de Russie. A ma mort, c’est mon frère Dimitri qui occupera cette position.
Comme avez-vous réagi à la décision de la justice française attribuant la propriété de l’église orthodoxe du boulevard Tsarévitch à la fédération de Russie ?
C’est ce que j’ai toujours souhaité.
La Russie n’a pourtant pas été tendre avec votre famille ! On se rappelle le terrible massacre d’Ekaterinbourg perpétré par les bolcheviques, l’assassinat de Nicolas II, votre arrière-grand-père, de son épouse, ses enfants...
Les temps ont heureusement changé ! Au moment même où l’Union soviétique a cessé d’exister, la Russie est redevenue la Russie. L’époque de l’exil a pris fin. Les jeunes descendants de Russes blancs ont alors commencé à retourner au pays. Dès lors, je me réjouis du fond du cœur que la cathédrale russe de Nice revienne enfin sous le toit commun de l’orthodoxie russe. Elle avait été construite selon le désir de la famille impériale, avec l’appui financier des Russes vivant à Nice. Elle était un bien de la Russie et le redevient naturellement.
Dans le tréfonds de votre conscience, eu égard à ce passé sanglant, ne rejetez-vous pas l’idée que le régime actuel, héritier du précédent, puisse une nouvelle fois déposséder l’ancienne Russie dont vous faites partie ?
Je fais partie de la Russie tout court. De l’ancienne et de la présente qui retrouve enfin les valeurs passées. Les Français devraient-ils avoir honte de la France qui a exécuté les Bourbons ? Non, bien sûr. On ne peut pas « parcelliser » le passé de son pays. On doit tout accepter, le bon et le mauvais.
Quand même, ne pensez-vous pas que cette église pourrait bien avoir appartenu aux Romanoff en personne, selon le principe autocratique voulant que les biens du tsar et ceux de la couronne soient indissociables ?
Il est absurde et inconvenant de penser que le tsar pouvait posséder une église à titre personnel. D’ailleurs, en confirmant par un oukase du 20 décembre 1908 que la cathédrale devait être répertoriée en Russie en tant que propriété du cabinet impérial, Nicolas II a solennellement confirmé qu’il s’agissait d’un bien d’Etat.
Qu’en est-il des nombreux Russes blancs qui ont participé financièrement à la construction de cette église, lui ont légué leurs icônes et autres biens religieux ? Ne seront-ils pas lésés si la cour d’Aix entérine la décision du tribunal de Nice ?
Tous ceux qui ont donné doivent considérer qu’un cadeau est un cadeau. Le plus beau des cadeaux s’il est consenti à une église. Leurs descendants doivent se réjouir que l’église russe de Nice a été classée au patrimoine culturel français. Leurs dons sont devenus inaliénables.
Quel regard portez-vous sur la Russie d’aujourd’hui ?
C’est un régime démocratique qui élit ses gouvernants, chose impensable du temps de Staline ! En Russie, l’Eglise participe aussi à la grandeur de l’Etat. Son renouveau montre le souhait des Russes de retrouver leur splendeur passée.
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