Souverain autocrate de l’Empire Russe, le tsar Nicolas II aurait pu, selon une tradition fortement établie dans les puissances autocrates (cf. la fameuse affirmation du Roi-Soleil : « L’Etat c’est Moi !») mélanger fortune privée et possessions impériales. Cela ne fut jamais le cas, et le Tsar a toujours comptabilisé, de façon consciencieuse et détaillée, sa fortune personnelle comme celle de sa famille, clairement distinguée des biens et possessions de l’Empire.
Il est un fait établi que, juste avant la première Guerre Mondiale, le Tsar possédait, en son nom propre comme au nom des siens, un certain nombre d’actifs à l’étranger. Il est tout aussi vrai et vérifié qu’une fois la guerre déclarée avec l’Allemagne, Nicolas II a immédiatement fait rapatrier ses avoirs en Russie, par esprit civique et pour supporter l’effort de guerre, et il a demandé à tous les Russes de faire de même.
A aucun moment, et cela a été confirmé à l’époque par les proches du Tsar comme plus récemment par les Princes Romanov, le tsar martyr n’a considéré que la cathédrale russe de Nice pouvait lui appartenir à titre personnel, de quelque façon que ce soit. Selon le principe de distinction des biens établi ci-dessus, la cathédrale était la propriété de l’Empire, et le bail emphytéotique accordé à l’église russe avait une durée limitée, à l’expiration de laquelle le bien devait donc tout naturellement retourner à son propriétaire légitime, la Russie.
Il convient de reconnaitre le travail accompli dans le cadre même de ce bail par l’association cultuelle locale, toutes ces dernières décennies. Remarquons cependant ici que l’existence dudit bail étant établie et non contestée par chacune des parties en cause, l’association cultuelle qui en a bénéficié ne peut arguer du fait que l’occupation des lieux sur une durée suffisante entraine automatiquement la possession du bien et son appropriation par usucaption. Il faut donc à l’évidence respecter ici le droit de propriété de l’Etat Russe sur le monument.
Pour ce qui est de l’activité cultuelle de ce lieu de prière (qui je le rappelle, appartient en tant que tel aux fidèles), ne revient-il pas au fond aux paroissiens de décider eux-mêmes s’ils souhaitent que leur église soit rattachée au Patriarcat de Moscou ou à celui de Constantinople ? A tous les paroissiens, et pas seulement aux quelques dizaines d’entre eux qui font confiance à l’association cultuelle en place ? Laquelle pourrait alors, pourquoi pas, continuer à jouer un rôle actif au sein de la communauté paroissiale. En pratiquant par exemple (selon des horaires établis) des offices qui rassembleraient ceux qui souhaitent rester dans l’église de Constantinople, - comme devrait certainement l’accepter le Patriarcat de Moscou s’il était choisi par la majorité des paroissiens pour assurer la relève en titre du culte.
Forte du jugement exécutoire de la justice française, la Russie aurait pu prendre officiellement possession de l’édifice par tous les moyens légaux disponibles, sans attendre. Cela n’a pas été le cas, et ne le sera visiblement pas à notre connaissance : Non seulement la Russie, qui a toujours appliqué dans cette affaire le principe de la séparation des pouvoirs étatiques et religieux, a laissé l’association cultuelle poursuivre son activité religieuse, mais elle lui a toujours tendu la main et continue à le faire.
Nous espérons tous que l’ACOR finira par accepter les bénéfices évidents d’un dialogue raisonnable, qui ne peut que bénéficier à l’ensemble de la paroisse. Je le souhaite pour ma part.
Rajoutons tout de même que la paroisse de Nice a vécu une existence à peu prés paisible pendant des dizaines d'années; il a fallu l'arrivée du recteur désigné qui est venu pour y mettre de l'ordre et la désignation de l'incomparable marguillier pour mettre le personnel sous contrôle.
RépondreSupprimerLa plupart des "fidèles" n'y comprennent plus rien; ils continuent à venir aux offices, mais de plus en plus ils s'abstiennent. Le fait de ne plus vénérer des grands moments de l'orthodoxie russe reboute les fidèles d'origine russe.
Ivan Serguéevitch