mercredi 1 mai 2013

Le maintien à la Russie et à Moscou de la cathédrale russe de Nice : Une victoire pour qui?




Mettant fin à sept années de procédure, la Cour de Cassation de Nice a confirmé le 10 avril dernier le jugement rendu le 19 mai 2011 par la Cour d’Appel d’Aix en Provence : La cathédrale Orthodoxe Russe Saint-Nicolas de Nice appartient bien à la Fédération de Russie.

Saint-Nicolas demeure ainsi dans le giron retrouvé du Patriarcat de Moscou, après avoir appartenu pendant de longues années à Constantinople, dont il convient de remercier ici les efforts pour en avoir assuré la gestion pendant toutes ces décennies.

Une belle victoire, mais une victoire pour qui ?

-         Une victoire pour la Russie, cela va de soi.


Il s’agit là d’une victoire du droit, dans une affaire immobilière complexe dont l’enchevêtrement a fort habilement été démêlé par l’avocat de la Fédération de Russie, Maître Alain Confino, parfaitement assisté par les experts russe en droit impérial. Une revanche pour la Russie ? Certainement pas. Plutôt une charge (l’administration présidentielle russe s’est engagée, ne l’oublions pas, à procéder sans tarder aux travaux indispensables de rénovation complète de l’édifice). Et surtout l’affirmation par la Russie d’une continuité historique : L’Etat russe d’aujourd’hui, entité moderne héritière de l’Empire russe,  ayant fermé la sanglante parenthèse ouverte par l’avènement du communisme en 1917, affirme les valeurs qui ont contribué à sa grandeur, telles que force, courage et abnégation, teintées d’une nostalgie agréable et d’un penchant attachant pour la mélancolie (vite oubliée dans les chants joyeux). Ne l’oublions pas enfin (comme nous avons parfois tendance à le faire) : la Russie aime la France (et elle espère bien naturellement la réciprocité, au-delà des clichés affligeants).

-         Une victoire pour le Patriarcat de Moscou, la chose est certaine.

Moscou ne pouvait que récolter les fruits de ce retour à son église d’une cathédrale qui sublime la foi orthodoxe dans le midi de la France. Cette Côte d’Azur dont la Russie est éprise depuis si longtemps, où elle a imprimé sa culture en quelques vifs et inoubliables chefs d’œuvre, tels que le château de Valrose ou la villa Kotchoubey. Ces fruits, Moscou les tend à son tour à tous ceux qu’attire le choix paisible de la réconciliation. Le père Nicolas Ozoline, recteur de la cathédrale, a sagement et humblement maintenu depuis son arrivée un contact ouvert et serein avec le clergé de Constantinople à Nice. Car il n’est pas une raison valable qui puisse empêcher que le cœur spirituel de tous l’emporte ici sur des considérations matérielles des uns et des autres. Constantinople et Moscou sont sœurs et vont trouver en Nice le champ unique d’une possible expérience d’unification qui pourrait être fort belle, et prêcherait en faveur d’une unité orthodoxe plus large. Le souffle de la foi permet tout, et surtout ce qui semble inconcevable.

-         Une victoire pour l’immigration russe en France.

Nice a divisé la communauté des russes blancs de France, le fait est établi, ravivant de vieilles blessures que le temps aurait dû cicatriser depuis longtemps. Car la haine bien compréhensible transmise à leurs enfants et petits-enfants par ceux qui ont dû quitter leur patrie (les armes à la main à l’issue d’une tragique guerre civile née de la révolution de 1917), aurait dû cesser une fois l’URSS disparue et remplacée par un Etat russe respectueux de ses racines impériales. S.A.I. Le prince Nicolas Romanovitch Romanoff, doyen de la Maison impériale de Russie ne s’y était pas trompé, en appelant de tous ses vœux le retour à l’Etat russe d’une cathédrale dont la construction avait été décidée et financée en grande partie par sa famille. Le moment est venu pour la communauté russe de France issue de l’immigration blanche, accrue des russes qui participent au développement économique et culturel de nos régions,  d’accepter l’issue raisonnable et fondée, décrétée et confirmée par la justice française.

-         Une victoire pour Nice et sa région.

La cathédrale Saint-Nicolas est le monument le plus visité de la Côte d’Azur, fierté de Nice dont elle est indissociable. Sa rénovation par la Russie va l’embellir davantage et assurer sa pérennité dans le paysage niçois. Ceci sans que le contribuable de la ville ou de la région y soit de sa poche : Qui s’en plaindrait ? La gratuité de l’accès aux touristes venus la visiter à titre individuel, comme aux fidèles qui entrent pour y prier, se trouve confortée et ne sera pas remise en question. Voilà qui est bien.

 A tous, Joyeuses Pâques!

Pierre de Fermor
Président de l’ACRN (« Les Amis de la Cathédrale Russe de Nice »)
www.egliserussenice.org






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