Voilà bientôt un mois que la cathédrale russe du boulevard Tsarévitch est fermée aux visites touristiques!
Cette situation exceptionnelle perdure, triste symbole d’un conflit qui s’éternise entre la fédération de Russie, reconnue propriétaire par la justice, et l’association cultuelle niçoise (l’ACOR) gestionnaire des lieux depuis les années 20. Aujourd’hui, le blocage paraît total, du moins aux yeux des créatures terrestres que nous sommes.
L’ACOR n’entend rien céder.
La Russie non plus et son ambassadeur en France, Alexandre Orlov, a récemment réclamé qu’on lui remette les clés. Les huissiers qui se sont présentés ont trouvé portes closes. Chacun campe sur ses positions.
L’espoir d’un dialogue entre les deux autorités suprêmes
Mais les voies du Seigneur sont impénétrables et le salut viendra peut-être du ciel. En juillet dernier, le représentant de la Russie avait déclaré transmettre la gestion de l’édifice au patriarcat orthodoxe de Moscou. Tout en souhaitant qu’un dialogue s’instaure entre les Eglises, ajoutant que «le pouvoir laïc ne s’interposera pas». Dialogue entre orthodoxes relevant de Moscou et orthodoxes rattachés à Constantinople dont dépendait jusqu’ici la cathédrale russe.
Aujourd’hui, pour régler cette crise politico-religieuse, tous les regards se tournent vers les plus hautes sphères spirituelles. Vers deux hommes, Sa Sainteté Cyrille, chef suprême des orthodoxes russes, et Bartholomée 1er, patriarche de Constantinople. «La majorité des orthodoxes russes veulent que ce conflit prenne fin et comptent pour cela sur la sagesse des archevêques respectifs.
Si ceux-ci ne réussissent pas à s’entendre, ce sont les patriarches qui devront trancher», affirme Pierre de Fermor, président de l’AACOR-SNN*.
«Nous avons décidé...»
Selon lui, il existe une réelle volonté de rapprochement. Les deux chefs religieux se sont rencontrés ce printemps dans la capitale russe.
Le père Jean Gueit, toujours recteur en exercice de la cathédrale, se déclare lui aussi pleinement favorable à ce dialogue et prêt à se conformer aux instructions d’en haut : «Le dossier niçois est d’une telle ampleur sur le plan canonique qu’il ne peut être traité qu’au sommet. J’ai été nommé ici par l’archevêque Gabriel** il y a 8 ans. Je ne me retirerai que sur ordre de mon évêque Gabriel et lui-même ne pourrait donner un tel ordre que sur instruction de notre patriarche Bartholomée»
Dernièrement, l’assemblée des évêques orthodoxes de France*** a délivré un message d’apaisement allant dans le même sens : «Nous regrettons profondément les tensions et les déchirements entre les membres de la même famille ecclésiale (...). Nous avons décidé de nous référer à la sagesse des deux patriarches concernés, pour aboutir à une résolution ecclésiale de ce différend dans les meilleurs délais. Pour ouvrir de nouveau les chemins de la réconciliation et du rassemblement dans le Christ».
Philippe Fiammetti (pfiammetti@nicematin.fr)
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*L’association des amis de la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas de Nice, favorable au retour de cette église dans le giron du patriarcat de Moscou.
**Responsable du diocèse rassemblant les églises de tradition russe en Europe occidentale et relevant du patriarcat de Constantinople.
***Présidée par le métropolite Emmanuel et rassemblant les différentes obédiences orthodoxes : Moscou, Constantinople, Roumanie, Serbie, Antioche (Moyen-Orient).
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